Élever des chèvres alpines et produire de la bière aux pays du maïs et du vin, il fallait oser !
Pierre Lebbe, belge d’origine mais bien ancré sur le territoire madiranais, dans les Hautes-Pyrénées, l’a fait. Ardent défenseur du bio et de l’agroécologie, cet éleveur/producteur passionné prône un retour au bon sens paysan et à la simplicité.
Si un mot devait caractériser Pierre Lebbe se serait l’adaptabilité. Natif de Belgique, sa famille n’était pas issue du domaine agricole. Après des débuts semés d’embûches (difficulté à s’installer dans les années 80, crise laitière…), il finit par trouver en la coopérative des Fermiers Basco-béarnais le soutien qu’il ne trouvait pas ailleurs. Dès lors, plus rien ne l’arrête !
Pour être davantage en phase avec ses valeurs personnelles, il se lance rapidement dans l’agriculture bio. L’agroécologie lui ouvre ainsi la voie de l’autonomie. Avec la mise en place d’un système de méthanisation qu’il a construit de ses propres mains, c’est une véritable boucle d’autonomie vertueuse qu’il a mis en place au sein de son exploitation ! L’orge cultivée sur l’exploitation est triée, les plus beaux grains sont conservés pour le malt, les plus petits sont donnés aux chèvres qui, en plus du foin, consomment également tous les sous-produits de la brasserie (drèches, excédents de levure). Le fumier du troupeau est par la suite mélangé au lactosérum et aux eaux blanches dans un digesteur pour produire du biogaz. Ce biogaz est ensuite utilisé pour le séchage du malt et pour la production d’eau chaude de la fromagerie. La boucle est bouclée !
À 66 ans, alors qu’il pourrait être en âge de partir à la retraite, Pierre Lebbe nous confie qu’il n’en a vraiment pas l’envie. Quand la passion est là, difficile de raccrocher. Avide de savoirs et voulant tendre vers toujours plus d’autonomie, il aimerait montrer la voie à d’autres éleveurs. Son exploitation, c’est son terrain de jeu, un haut lieu d’expérimentation. Pierre Lebbe vogue définitivement à contre-courant, comme il se plaît à le souligner !
Avec un peu de bon sens, de logique et en se basant sur les règles de la nature, tout est plus simple.
SA RELATION AVEC LA COOPÉRATIVE
Avec son sens du partage, Pierre Lebbe a définitivement l’esprit coopératif : “Au lieu de se battre, il vaut mieux se regrouper, affronter les difficultés, les démarches techniques et le commerce ensemble. Il y a des choses que l’on peut difficilement faire seul.”
Pierre Lebbe en est convaincu, pour pouvoir avoir le recul nécessaire sur son exploitation et ses pratiques, il faut pouvoir se dégager du souci de la pression économique. Chose que la coopérative lui permet de faire depuis son adhésion en 1988.